Néo-progressime, courant Kafkaïen malgré lui

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Charles Fourier, utopiste convaincu du XVIIIème siècle et rêveur poétique, consacra une partie de sa vie à se demander comment créer une « civilisation harmonieuse » dans laquelle l'ensemble des passions des hommes seraient combinées avec maîtrise.
L'emploi du mot « maîtrise » n'a rien d'anodin, bien au contraire. Il ramène à la capacité pour l'individu de « contrôler », d'« encadrer », renvoie à un savant mélange entre autorité et adresse. Quel que soit le sujet, elle évite le piège de l'asservissement, autrement dit l'imposition à son environnement des variations et influences propres au penseur qui manquerait de maîtrise sur ses passions.
Certes, l'art de servir ses passions avec justesse n'est pas aisé, a fortiori parce qu'elles sont intimement liées aux émotions. Pour autant, est-il nécessaire d'avoir de la technicité pour maîtriser ses passions dans leur partage avec celles de l'autre ?
Pas à mon sens. L'essentiel résiderait plutôt dans la capacité pour le convaincu à ménager une place au sein de sa passion, à la pensée de l'incrédule ou du contradicteur. Cette humilité n'est pas un « savoir-faire » qui s'acquiert par la pratique, elle est bien plus un « savoir-être ».
Encore faut-il, pour le passionné, avoir la volonté d'épouser cette compétence.
Depuis une dizaine d'années, une importante partie des passions de la génération Z se cristallise autour d'un sujet historiquement babylonien qu'est celui de la lutte sociale. Les revendications d'égalité et de justice sociale ont la paternité de nombreuses révolutions au travers des siècles et au-delà des frontières. Si elles semblent presque par essence, bénéficier d'une immunité au regard des accusations d'illégitimité, elles ne sont pourtant pas animées en toutes circonstances par une juste volonté de justice.
Le XXIème siècle semble être le point culminant de toutes les luttes sociales, auparavant individualisées selon l'époque et/ou le territoire. L'illustration de loin la plus frappante est l'avènement du mouvement woke, né il y a une dizaine d'années aux États-Unis et largement répandu en Occident - tout particulièrement en France. La clé de voute des doléances portées par ces militants est la volonté d'être « awake », entendez « éveillé », au sujet de l'ensemble des inégalités sociales. A noter que ceux se revendiquant comme de la mouvance woke s'accordent la liberté absolue de décider ce qui relève, ou pas, d'une inégalité sociale justifiant d'être ardemment combattue. Il peut ainsi s'agir de sexisme, de racisme, de transphobie ... en somme, à chaque situation pouvant individualiser les personnes, se trouve nécessairement un mal à combattre. Partant de ce dangereux postulat, le mouvement woke s'est rapidement diffusé et imprègne à présent de ses règles nos rapports sociaux de toutes sortes, au sein de toutes institutions et dans tous contextes.
Sujet de toutes les effervescences
au quasi-monopole des chaines d'informations et porteur de nombreux scandales,
ce néo-progressisme s'est construit autour d'une fervente opacité à toute forme
de contestation. Il y aurait ainsi de ceux qui sont bons de par leur combat, et
leurs adversaires, laissant très peu de place aux débats.
Frôlant la limite du liberticide, quid de la maitrise des passions ?