Lettre ouverte aux maires de France
LETTRE OUVERTE AUX MAIRES DE FRANCE
Chers élus, rappelez-vous que :
Le temps passe et entraîne avec lui les mémoires. Elles se lisent au travers des convictions, des luttes ou encore des victoires qu'elles contiennent. Certaines mémoires filent et sont happées par d'autres, qui disparaîtront à leur tour. D'aucunes, au contraire, s'enracinent au gré des époques et des mœurs, elles semblent presque éternelles. Parmi elles, celles dont l'écho ne résonne plus au temps présent forment l'Histoire, tant dis que celles qui perdurent contribuent encore à son écriture.
Il existe un autre type de mémoire, hybride, qui bien que survivante dans les esprits de notre temps telles que conceptualisées dans le leur, meurent en pratique, abattues par nos modernités.
Autoriseriez-vous à ce qu'il en soit ainsi avec notre mémoire de la démocratie ?
Chers élus, rappelez-vous de ce que fut l'esprit démocratique lorsqu'il nait en Grèce. Il était alors naturellement question de la fameuse et grandiose conception d'un pouvoir appartenant aux citoyens, dont la définition évoluera au fil du temps.
La démocratie fait la communauté, les méthodes démocratiques l'honorent.
Ceux à qui les voix sont confiées prennent dès lors l'engagement solennel d'œuvrer en ce sens, de perpétuer l'esprit démocratique alors éclos. Ainsi, ils ne doivent ni étouffer, ni léser, ni oublier ses précieuses voix qu'il porte.
L'élu n'est pas un organe de régulation des opinions, l'élu ne peut pas représenter fidèlement les citoyens s'il est subjectif.
L'élu est responsable de la
confiance placée en lui et lui doit la plus ferme des loyautés. Parce qu'il en
est digne, il contribue à ce que l'idéal démocratique si cher à la société se
perpétue.
Chers élus, rappelez-vous de la signification biblique de votre titre, qui vous « prédestine à une vie éternelle ». Peut-on le nier ? N'êtes-vous pas absolument nécessaires à la continuité démocratique et dès lors ne vous inscrivez-vous pas à jamais dans l'histoire portée par chacun de vos prédécesseurs ?
Chers élus, ne laissez pas l'individualité briser ces mémoires que le temps nous porte par-delà les grands esprits qui nous ont précédé.
Permettez au peuple de s'exprimer dans les urnes.
Permettez au peuple d'élire démocratique le futur Président de la République Française.
Permettez à notre démocratie de conserver sa justesse et sa profondeur.
Au V ème siècle avant J-C l'Ecclésia avait, elle seule, le pouvoir de bannir par le vote un citoyen craint pour ses ambitions personnelles et la Tyrannie qui pouvait en découler.
Permettez à ce concept d'ostracisme de perdurer, il n'a nul besoin de régulation.
Chers élus, à présent tâchez de ne jamais oublier que vous agissez au nom des citoyens et non en votre nom propre, et que cette distinction est chère à notre droit, à notre société et à notre politique.
Tâchez de ne jamais oublier le rôle de parrainage qui vous incombe depuis 1962 et son but, celui d'éviter les candidatures farfelues ou apolitiques, et non pas de brider un parti ou un mouvement politique.
Marine Le Pen, Éric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon et toutes les autres candidatures sérieuses au creux desquelles une frange suffisamment significative pour ne pas être négligeable de citoyens se sent représentée doivent obtenir le nombre de signatures nécessaires à l'ouverture de leur campagne présidentielle.
Enfin, chers élus, tachez de ne jamais oublier que le défaut d'anonymat des parrainages ne doit sûrement pas entraver l'esprit du contrat social inhérent à vos fonctions d'élus. Bien au contraire, en luttant contre les pressions diverses vous vous trouvez bien plus démocrates que d'autres.
Vous, élus, qui succédez aux grands démocrates de l'Histoire, tachez de ne jamais oublier l'œuvre de Denis Diderot qui considérait que la liberté est un présent du ciel dont tous individus dotés de raison doivent pouvoir jouir.
Lévana C.