La drogue : l’opium du peuple français ?

L'année 2021 débute sur les chapeaux de roues. Un peu plus d'un mois après le décompte du nouvel an, les faits divers relatifs au trafic de drogue se multiplient dans la région PACA. Dernièrement, trois corps ont été retrouvés dans des voitures carbonisées, cette méthode de mise à mort est appelée " la technique du barbecue" : les malfrats tuent par balles les victimes avant de bruler leurs corps dans une voiture en feu. Apparue dans les Bouches-du-Rhône dans les années 95, l'intention des meurtriers est de faire disparaître toutes traces de leur passage.
La drogue, un refuge :
La consommation et la vente de drogue est un refuge pour des milliers de français ayant des problèmes financiers et familiaux. Le marché des stupéfiants s'est considérablement intensifié au cours du dernier siècle. L'identité des dealers est majoritairement des personnes se trouvant en bas de la hiérarchisation sociale. Dans les quartiers défavorisés, l'envie de gagner plus d'argent est légitime, on appelle ça « l'économie de la débrouille ». Sans grande stupéfaction le taux de chômage dans ces lieux est très élevé, l'argent rapporté des ventes complètes le RSA et les aides de l'état. Ayant peu de soutien et de reconnaissance par leur famille, les trafiquants sont de plus en plus jeunes, délaissant progressivement leur scolarité pour se fonder « une nouvelle famille ». Pour les plus amateurs d'entre eux, la vente de stupéfiants rapporte généralement l'équivalent d'un Smic par mois, permettant de subvenir aux besoins des familles aux revenus très faible.
L'identité des consommateurs n'est pas si éloignée de celle des dealers : le manque d'entourage, de dialogue, les problèmes liés au travail et à la famille sont les principaux facteurs de la consommation de ces produits illicites. Un contact, un coup de fil, un trajet de voiture, et l'exécutoire se trouve à portée de main.
... qui tue.
Mais l'augmentation du nombre de trafiquants et consommateurs entraine des conséquences néfastes au sein de notre société. En 2017, les toxicologues dénombrent 537 décès par surdose, impliquant de nombreuses drogues tels que le cannabis, la cocaïne, l'héroïne et bien d'autres. Ces drogues sont décomposées en 3 groupes : les hallucinogènes, les stimulants et les dépresseurs. L'augmentation des morts alarment les scientifiques depuis quelques années. Le nombre de ces décès y est sous-estimé, certains pouvant être classés en « cause inconnue ». Mais le plus gros problème auquel les autorités doivent faire face est sans nul doute les conflits armés entre les gangs et les cités qui se partagent le business fructueux estimé à 3,5 milliards d'euros par an. Si les règlements de comptes ont toujours existé entre gangs, les différends se règlent aujourd'hui de manière plus brutale. Cette évolution est notamment due à l'accès plus facile à l'obtention d'une arme à feu.
Pour illustration, en 2019, environ 102 règlements de compte ont été répertoriés causant 54 morts et une centaine de victimes.

La lutte contre le trafic de drogue et le politique
La lutte contre le trafic de drogues est l'un des sujets au cœur des débats politiques et des programmes de campagnes. Chacun y va de son opinion, de sa solution, de ses critiques. En effet, cette mission de lutte contre les trafics est l'une des plus complexes de la décennie. Plusieurs acteurs sont engagés, tels que l'organisation interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives, directement placée sous l'autorité du premier ministre. A ses côtés, l'Ocrtis dirige différentes administrations chargées de combattre les business illégaux sur le terrain. Pour ce faire, la brigade des stupéfiants et les services des douanes sont les principaux bras armés de l'Ocrtis.
Pour intensifier la lutte, le gouvernement veut « agir en amont », en prévenant l'entrée de la drogue en France. La volonté d'accroître les collaborations avec les services de police étrangers et de contrôler les échanges sur internet, qui répertorie 693 boutiques de vente de drogue en ligne dans l'Union européenne, font partis de ces objectifs. Le vecteur aérien est aussi mis en avant puisque les trafiquants utiliseraient les aérodromes secondaires pour introduire du cannabis dans le pays.
Du côté pénal, depuis début septembre 2020 la police est autorisée à délivrer des amendes aux consommateurs de stupéfiants dans tout l'Hexagone. Une sanction rapide, qui évite la procédure judiciaire et la lenteur qu'on lui connaît. Cette nouvelle mesure a pour but de dissuader les consommateurs via une célérité de traitement des affaires et ainsi contourner le sentiment d'impunité, bien trop courant dans ce secteur.
Business en vogue, en 2018, ces produits illicites dopent pour la première fois les chiffres de l'économie française. La drogue a beau être illégale dans l'Hexagone, elle est à présent prise en compte par l'Insee dans son calcul du PIB.
D'un côté donc, il s'agit de donner aux autorités des moyens efficace de contrôler la circulation des drogues sur le territoire, de l'autre, il est opportun de considérer cette économie souterraine comme avantageuse pour l’État.
Afin de concilier ces deux idées contradictoires, la légalisation de certaines drogues semble être la solution toute trouvée. Mais cela garantirait-il la fin des trafics pour autant ? Ne risquent-ils pas de fructifier dans d'autres domaines ne tombant pas sous le coup de la législation ? Rappelons que le besoin d'argent « facile », de « liens familiaux » de « refuge » domine l'esprit de ceux qui s'engouffrent dans ces trafics. Alors, est-il raisonnablement envisageable d'y mettre fin ou bien le gouvernement est-il condamné à déplacer le problème sans jamais y mettre un terme ?
A
