Affaire Navalny, non ingérence et soft power

06/02/2021

Alexeï Navalny, ennemi numéro 1 du Kremlin :

Ancien avocat russe, Alexeï Navalny commence à inquiéter aux plus hauts niveaux de l'Etat dès 2010, alors qu'il tient un blog sur lequel il dénonce régulièrement des affaires de corruption au sein du pouvoir et dévoile des informations confidentielles sur la fortune des proches de Vladimir Poutine.

L'an suivant, lors d'un mouvement de contestation anti-fraude aux élections, il invente un nouveau slogan qui marque la manifestation : « Russie unie, parti des voleurs et des escrocs ». Mais ce n'est qu'en 2013 qu'il deviendra une figure incontournable de la scène politique russe : candidat aux municipales de Moscou, il récolte près de 30% des voix à la surprise générale. Il devient dès lors, selon Tatiana Kastoueva-jean, chercheuse auprès de l'institut français des relations internationales, un « homme politique d'envergure nationale ».

Depuis, il a été emprisonné à plusieurs reprises, et ce malgré l'absence de préjudice reconnu, sur fond de détournement financier ou fraude fiscale. Pire, il subira de nombreuses agressions perpétrées par des personnes qui ne seront jamais identifiées. Pourtant, l'une d'elles lui coûtera quasiment la totalité de sa vue de l'œil droit.

Le 20 août dernier, l'affaire Navalny éclate lorsqu'il est victime d'un empoisonnement pendant son vol en direction de la capitale. Transféré rapidement dans un hôpital berlinois et placé en coma artificiel, il se remettra sur pied en quelques semaines. La France, l'Allemagne, les États-Unis et même Josep Borrell, chef de la diplomatie de l'Union Européenne ont fait savoir à la Russie la nécessité d'enquêter de façon transparente sur cet empoisonnement. Le Kremlin ne cessera pourtant de rejeter toute accusation.

Le mois dernier, Alexeï décide de retourner en Russie, porté par une ambition politique saluable. Pourtant, à peine arrivé sur le territoire, il est arrêté par la police russe et est jugé quelques jours plus tard pour violation de son contrôle judiciaire. Il écope de 2 ans et 8 mois de prison. Depuis le 5 février, il est présenté devant les juges dans le cadre d'un nouveau procès pour diffamation. Dans le même temps, il lance un appel à manifester pour la justice et ses soutiens se mobilisent par dizaines de milliers dans toute la Russie pour demander la libération d'Alexeï Navalny. Les vidéos diffusées des manifestations témoignent de la violence de la réponse policière. Alarmée, l'Union européenne a appelé la Russie à remettre en liberté l'opposant au Kremlin, condamnant fermement les procès ouvert successivement à son encontre.

L'ascension silencieuse du soft power

Et depuis ? Pas grand-chose.

L'union Européenne a « appelé à » maintes fois et quelques états, comme la France ou l'Allemagne ont « condamné » l'attitude des autorités Russe dans le cadre du retour de Navalny. En bref, on compte jusqu'à deux sans jamais arriver à trois. Le droit international en vigueur cantonne les moyens de pression diplomatique mis à disposition des états. Plus spécifiquement, le principe de non-ingérence freine tout début d'intervention d'un état tiers en Russie afin de rétablir quelques principes démocratiques. N'a-t-on pas pourtant maintes fois murmuré « plus jamais ça » suite à l'extermination de millions de juifs dans les camps d'extermination nazis ? Pourtant, quelle marge de manœuvre pour l'Europe face aux déficits démocratiques observés dans les pays en son sein et en dehors ? Les Ouïghours en Chine, la démocrature Hongroise et Polonaise, et puis le dossier Navalny en Russie ?

Il est pourtant essentiel de faire respecter la souveraineté nationale et de non-ingérence, qui permet d'équilibrer les relations interétatiques. L'ingérence ne devrait-elle pas se muer en un soft power puissant, dont la menace suffit à dissuader certains comportements ? En effet, une des illustrations de ce soft power, qui vaut par ailleurs son lot de critiques sur certains aspects- est celui que les États-Unis exercent sur l'Iran. Il suffit d'une décision de Donald Trump de se retirer de l'accord sur le nucléaire et voilà que toute l'économie du pays est figée. En effet le dollar est une devise internationale utilisée par la plupart des entreprises, pourtant, elle ne peut plus circuler sur le territoire iranien, plongeant l'état dans une pauvreté croissante. Les états tiers, liés voir dépendants des États-Unis et craignants pour leur économie, ne bravent pas « l'embargo » mis en place par la superpuissance, ce qui a pour conséquence d'isoler quasi définitivement l'Iran.

Ainsi, l'Union Européenne, dont la création fait suite à la Seconde Guerre Mondiale et la volonté de consolider la paix entre les états n'est pas en mesure d'infliger une telle sanction à des puissances telles que la Russie ou la Chine. L'Union Européenne se réunit, bavarde, fronce les sourcils, mais est-elle capable d'exercer une pression sur un pays qui lui est tiers ? Il y a peu de chances.

Peut-être serait-il temps de mettre sur pied un plan à grande échelle au sein des pays de l'Union Européenne afin de développer des technologies qui pourraient concurrencer les GAFA et s'imposer à l'échelle mondiale, d'investir dans les recherches spatiales et médicales etc. (...) L'objectif premier pour permettre à l'UE de mettre en œuvre sa vocation est de pouvoir exercer une pression économique sur les pays qui l'entoure et ainsi posséder un véritable moyen de sanction.

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